LES ACTEURS DU THEATRE DE HUGO
partie 1/2

articles parus dans les Bulletins n°136 et 138 du Club Philatélique de Vélizy-Villacoublay
et dans le n°17 de L'ECHO HUGO (2018), Bulletin de la Société des Amis de Victor Hugo

Actrices - Acteurs

Le 10 septembre 2018, La Poste a émis un bloc de 4 timbres de la série "Actrices, Acteurs" représentant en pied :
Rachel (1821-1858), Sarah Bernhardt (1844-1923), Coquelin Aîné '1849-1909), Talma (1763-1826).
Ces acteurs, à l'exception de Talma, ont tous interprété des rôles dans des pièces de Hugo.



Mis en page du bloc par Valérie Besser.
Fond du bloc : vue intérieure de la Comédie-Française "Collection de dessins sur Paris", par Destailleur, Tome V,
dessin d'Antoine Meunier © Bibliothèque Nationale de France, Paris.

 



Carte postale représentant la salle de la Comédie-Française vers 1785
correspondant au fond du bloc " Actrices - Acteurs ".



A chaque émission de timbre-poste,
Phil@poste (La Poste) réalise un timbre-à-date 1er Jour
pour oblitérer les timbres et souvenirs liés à cette émission.

Le bloc est illustré par les portraits peints et figurés en pied de Rachel, Sarah Bernhardt, Coquelin Aîné et Talma. Ils sont ainsi figés dans l'action et dans l'interprétation d'un de leurs rôles. Ces 4 acteurs ont fait carrière ou débuté à la Comédie-Française et sont placés sur un fond de scène historique de la Comédie-Française, l'actuelle salle (estampe de la fin du XVIIe siècle) où la troupe menée par Talma s'installe définitivement en 1799.
Avec le bloc " Actrices-Acteurs ", c'est plus que du plaisir, c'est la poursuite de plusieurs collections : celles sur Victor Hugo et du théâtre. Trois de ces personnages de théâtre ont joué des pièces écrites par Hugo.

Le XIXe siècle consacre l'acteur comme vedette. Seules quelques personnalités suscitent un tel engouement : le public se précipite au théâtre lorsqu'elles paraissent, que ce soit en France ou à l'étranger, dans les tournées internationales qui les mènent jusqu'en Russie, et aux États-Unis à la fin du siècle. Talma, Rachel, Sarah Bernhardt et Coquelin aîné font carrière à la Comédie-Française, premier théâtre de France.


Les présentations suivantes suivent l'ordre de la présentation des timbres dans le bloc-feuillet.
Les cartes présentées sont des cartes-maximums, collection spécifique dans la philatélie.
A partir du timbre-poste émis officiellement par Phil@poste (Groupe La Poste), rechercher une carte postale la plus concordante possible de ce timbre et y faire apposer une oblitération [en relation avec le timbre] la plus concordante possible au sujet du timbre.

 

 

TALMA : François Joseph Talma.
(15 janvier 1763 - Paris / 19 octobre 1826 - Paris)
195ème sociétaire
Entré à la Comédie-Française en 1787 ; sociétaire en 1789 ; doyen de 1824 à 1826.

[Si l'on croit Adèle Hugo, son mari aurait pensé à Talma en écrivant Cromwell.
"Malheureusement Talma avait soixante-cinq ans, il était atteint d'une maladie du pylore, et l'art dramatique ne put profiter longtemps du renouvellement du talent du tragédien." (Victor Hugo raconté par Adèle Hugo, Plon, 1985, p.410).
Talma mourut en 1826 et la première pièce représentée de Hugo, Amy Robsart, le fut à l'Odéon, en 1828.]



Carte maximum
Timbre Talma : Talma dans le rôle de Néron d'Eugène Delacroix, 1857 © Bridgeman Images/ Bibliothèque de la Comédie Française, Paris;

 

Talma réforme la scène sous la Révolution en adoptant [la toge à l'antique pour la tragédie classique, costume que Delacroix reprend dans son portrait de l'acteur incarnant le Néron de Britannicus de Racine] l'esthétique néoclassique et la toge à l'antique pour la tragédie classique, costume que Delacroix reprend dans son portrait dans le rôle de Néron de Britannicus de Racine.
Proche de Napoléon, l'acteur prend la tête de la Comédie-Française sous l'Empire et incarne tous les rois, empereurs, tyrans du répertoire.
[Ses idées modernes sur le théâtre anticipent certaines de celles de Hugo dans la préface de Cromwell : costume correspondant à l'époque de la pièce, refus de la déclamation, prédilection pour le drame historique et politique ...]

 

RACHEL : Elisabeth Rachel Felix.
(21 février 1821 - Mumpf (Suisse) / 3 janvier 1858 - Le Cannet)
260ème sociétaire
Entrée à la Comédie-Française en 1838 ; sociétaire en 1842 ; retraitée en 1849 ; pensionnaire " exceptionnelle " de 1849 à 1855.

Elle interpréta le rôle de " Thisbé " dans " Angelo, tyran de Padoue" au Théâtre Français, le 18 mai 1850.



Carte maximum
Timbre Rachel : Portrait de Rachel d'Edouard-Louis Dubufe © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz/ Bibliothèque de la Comédie Française, Paris ;

Rachel, issue d'une famille très modeste, fait figure de prodige. Édouard Dubufe la représente dans un de ses rôles favoris : Camille dans Horace de Pierre Corneille. Dès ses premières représentations, le public afflue comme jamais pour l'admirer dans la tragédie classique. Pour le peuple, elle parvient à incarner la République par son interprétation de La Marseillaise, pendant la Révolution de 1848.

Seconde fille des six enfants de Jacob et Esther Félix, marchands ambulants, elle grandit dans la misère, vivant la vie errante et incertaine des nomades jusqu'à ce que ses parents viennent se fixer à Paris. Inscrite au cours de déclamation de Saint-Aulaire - qui va lui donner son nom de scène -, elle s'y fait remarquer par sa distinction naturelle et sa prodigieuse mémoire. Admise au Conservatoire, elle n'y reste que fort peu de temps, préférant un engagement au Gymnase où elle débute dans La Vendéenne de P. Duport. Elle se rend très vite compte qu'elle n'est pas faite pour ce répertoire-là.

Samson, qui l'a prise comme élève, la forme pour la tragédie. Son grand mérite de professeur aura été de développer harmonieusement les qualités innées de cette élève douée, mais sans formation ni culture. Lorsqu'en juin 1838, il obtient qu'elle débute à la Comédie-Française, elle est mûre pour le succès. Ses débuts dans Camille d'Horace, Émilie de Cinna, Hermione d'Andromaque et Aménaïde de Tancrède, bien que situés à une époque de l'année peu favorable, sont salués par un enthousiasme délirant (Jules Janin et Alfred de Musset notamment couvrent d'éloges la débutante) et les recettes se mettent à monter.



Timbre Français de1961
Couleurs définitives - Essais de couleurs

Bien qu'elle soit plutôt petite et maigre, assez insignifiante, la technique infaillible enseignée par Samson permet à Rachel d'exprimer avec force le feu intérieur dont elle brûle, à tel point qu'elle est transfigurée et brille en scène d'une étrange beauté. Elle réussit, poussée par sa famille, à obtenir des conditions financières exceptionnelles à la Comédie-Française. Dès lors, grande prêtresse de la tragédie classique, dont le renouveau accompagne le déclin du drame romantique, elle établit une sorte de dictature au sein de la troupe. Elle joue successivement, et avec un bonheur toujours grandissant, toutes les héroïnes de la tragédie : Roxane (Bajazet), Esther, Laodice (Nicomède), Pauline (Polyeucte), Chimène (Le Cid), Phèdre (qui correspond, en 1843, au sommet de son art et de sa carrière), Bérénice, Isabelle (Don Sanche d'Aragon), Athalie, Agrippine (Britannicus)...



Timbre israélien

Elle crée quelques drames modernes, écrits pour elle : Virginie de Latour de Saint-Ybars, Adrienne Lecouvreur de Scribe et Legouvé (un triomphe !), Judith de Madame de Girardin, etc. Elle émeut profondément dans la Marie Stuart de Lebrun, s'essaie au drame romantique, que pourtant elle apprécie peu, avec Mademoiselle de Belle-Isle d'Alexandre Dumas et Angelo, tyran de Padoue de Victor Hugo (en 1850).
Après l'avoir vue dans le rôle de tisbe, Gautier estime qu'elle sera non seulement une grande interprète classique mais romantique. Malheureusement, Hugo fut exilé en 1851 et son théâtre fut interdit sous le second empire.

Elle joue peu la comédie (célimène au cours d'une tournée à Londres en 1847) et un petit acte pseudo-antique fait sur mesure par Barthet (Le moineau de Lesbie).
Elle reprend la Lucrèce de Ponsard, créée à l'Odéon par Marie Dorval. Prise d'un besoin presque frénétique de jouer partout, elle demande des congés de plus en plus fréquents, de plus en plus longs, fait des tournées de plus en plus lointaines, accompagnées d'exigences financières exorbitantes.

Sarah BERNHARDT : Henriette Rosine Bernard
(25 septembre 1844 - Paris 5ème (ancien 12e) / 26 mars 1923 - Paris 17ème)
299ème sociétaire
Entrée à la Comédie-Française en 1862 ; sociétaire en 1875 ; départ en 1880.

Interprète de " la Reine " dans " Ruy-Blas " en 1872 puis 1897 et de "Dona Sol" dans " Hernani " en 1877, à la Comédie Française ;
dans " Marion Delorme " au théâtre de la Porte St-Martin en 1885 ; dans " Angelo, tyran de Padoue " au théâtre Sarah Bernhardt en 1905



Carte maximum
Timbre Sarah Bernhardt : Sarah Bernhardt dans le rôle de la Reine dans Ruy Blas de Georges Clairin, 1879 © Bridgeman Images / Bibliothèque de la Comédie Française, Paris ;

Sarah Bernhardt reste quelques années à la Comédie-Française comme interprète des jeunes premières du répertoire classique, moderne et romantique. Victor Hugo lui rend hommage pour son interprétation de la Reine de Ruy Blas, sujet du portrait peint par Georges Clairin. Se pliant difficilement à la discipline de la troupe, elle la quitte et dirigera plusieurs théâtres parisiens.

Engagée en 1862 à sa sortie du Conservatoire, où elle a reçu les cours de Provost, Samson et Regnier, elle quitte presque aussitôt la Comédie-Française, après un différend avec une sociétaire. À l'Odéon, elle fait ses classes et conquiert la célébrité avec son interprétation du rôle travesti de Zanetto dans Le Passant de François Coppée (1869), puis avec celle de la Reine dans Ruy Blas de Victor Hugo (1872).
Elle revient alors en triomphatrice à la Comédie-Française, y joue les plus grands rôles du répertoire (Junie dans Britannicus, Andromaque, Zaïre, Phèdre, Doña Sol dans Hernani...) et les rôles modernes écrits par Henri de Bornier (La Fille de Roland), Émile Augier (Gabrielle), Alexandre Dumas fils (L'Étrangère), Alexandre Parodi (Rome vaincue)... Elle reprend le rôle de la Reine lorsque Ruy Blas entre au répertoire de la Comédie-Française en 1879.


Timbre français d'après Mazelin
de 1943

Timbre tchèque d'après Mucha
de 2010

Timbre autrichien d'après Mucha

La création de L'Aventurière d'Émile Augier et les critiques défavorables qui s'ensuivent consacrent sa rupture, déjà entamée, avec la Comédie-Française. Elle quitte définitivement la Maison de Molière et poursuit à Londres, en Amérique et à Paris la carrière triomphale que l'on sait. Ses excentricités, ses dons multiples (elle sculpte et elle écrit) en font, avant la lettre, une " star " de réputation internationale.
Elle dirige successivement le Théâtre de la Renaissance et celui qui portera son nom (aujourd'hui Théâtre de la Ville). Elle y crée, outre Lorenzaccio (Musset) ou Hamlet (Shakespeare), tout un répertoire écrit pour elle par les auteurs dramatiques contemporains (Victorien Sardou, Armand Silvestre, Edmond Rostand...).



Feuillet de vignettes de la Comédie-Française
2ème vignette de la partie supérieure du feuillet : La reine (Ruy Blas)
1ère vignette de la partie inférieure du feuillet : La reine Doña Sol (Hernani)

 

 

COQUELIN Aîné : Benoît Constant Coquelin
(23 janvier 1841 - Boulogne-sur-Mer / 27 janvier 1909 - Couilly-Pont-aux-Dames)
287ème sociétaire
Entré à la Comédie-Française en 1860 ; sociétaire en 1864 ; départ en 1887 ; pensionnaire de 1890 à 1892.

Joua le rôle de Don César dans " Ruy-Blas " à la Comédie-Française en 1879 ; Et celui de Jean Valjean dans " Les Misérables " au théâtre de la Porte St-Martin en 1899.



Carte maximum
Timbre Coquelin Aîné : Coquelin dans le rôle de Cyrano de Bergerac de Louis Picar© Bibliothèque Nationale de France, Paris ;

Coquelin aîné fait toute sa carrière à la Comédie-Française avant de jouer sur d'autres scènes : il crée triomphalement Cyrano de Bergerac, d'Edmond Rostand, au Théâtre de la Porte Saint-Martin en 1897, interprétation que Louis Picard immortalise dans son portrait de l'artiste.

D. L. - CPV 155 - Club Philatélique de Vélizy
novembre 2018/janvier 2019
Documents : Daniel Liron (CPV)
Sources : Sites Comédie Française, Wikipédia, autres
Corrections : Danièle Gasiglia-Laster
, (secrétaire de la SAVH)