En
2024, à la faveur des célébrations du septième centenaire
de la fondation des Jeux floraux, l'Académie entend créer trois
nouveaux prix visant, pour le premier, à honorer l'uvre d'un poète
de langue française d'envergure internationale, pour le deuxième,
à récompenser un texte d'un jeune poète, et pour le troisième
à couronner la prestation d'un poète slameur. Ces trois prix
seront associés à trois nouvelles Fleurs : la Marguerite, le Pastel
et l'Orchidée. En 1819,
le jeune Victor Hugo (17 ans !) obtint un Lys d'or (accordé que
deux fois seulement, en 1776 et 1819, instauré pour deux circonstances
exceptionnelles, et n'a plus été attribué depuis.) récompense
mise au concours par l'Académie toulousaine à l'occasion du Rétablissement
de la statue de Henri IV à Paris. Cette rare distinction lui vaudra
d'être nommé Maître ès Jeux dès 1820 et d'être,
grâce au Secrétaire Perpétuel M. Pinaud, dispensé du
service militaire par le Comte de Villèle, Président du Conseil
de Louis XVIII et toulousain.
I Je
voyais s'élever, dans le lointain des âges, Ces monuments, espoir
de cent rois glorieux ; Puis je vous voyais crouler les fragiles images De
ces fragiles demi-dieux. Alexandre, un pêcheur des rives du Pirée Foule
ta statue ignorée, Sur le pavé du Parthénon ; Et les
premiers rayons de la naissante aurore En vain dans le désert interrogent
encore Les muets débris de Memnon.
(1ere strophe sur 3 du
paragraphe I sur IV) Février 1819
Des
prix spéciaux ont été décernés : Violier d'or,
Muguet d'Argent,
L'Amarante d'or : remontant à Louis XIV, dont
les lettres patentes de 1694 la réservent aux odes, a été
décernée au total 123 fois, dont deux fois à Victor Hugo.
: En 1819, les vierges de Verdun, et en 1820, Moïse
sur le Nil.
 Victor
Hugo en 1818 - dessin au pastel
Le 2 novembre 1323, à
Toulouse, sept notables se réunissent dans un jardin pour lancer un appel
à des joutes poétiques qui devront se tenir six mois plus tard,
trois jours durant. Pour ces amateurs de beaux vers, il s'agit de renouer avec
l'esprit des troubadours si présent à la cour des comtes de Toulouse
et, alors que la tutelle du roi de France s'étend sur la région,
d'affirmer leur attachement à la langue d'oc. Début
mai 1324, poètes du midi de la France et d'ailleurs se pressent à
Toulouse pour concourir. Pour fêter l'événement, une pièce
d'orfèvrerie, une Violette d'or, est offerte au lauréat par les
sept notables et, à partir de 1325, par les administrateurs de la ville
: les Jeux floraux sont nés. Au fil des années, ils se pérennisent,
sous l'il vigilant des mainteneurs qui ont succédé aux fondateurs
et, à partir du XVIe siècle, sous le patronage de Dame Clémence,
figure tutélaire peut-être imaginaire, dont le legs aurait permis
de financer les fleurs. La fête se dote aussi de rites.
Les trophées - la Violette, mais aussi le Souci et l'Églantine -
sont bénits et portés en procession, un banquet généreux
vient clore les festivités. Par la suite, les Jeux s'assagissent : l'ode
à la belle dame est remplacée par un hymne à la Vierge, et
les dépenses de bouche, jugées excessives, sont revues à
la baisse ; ils subsistent néanmoins et, en 1694, Louis XIV en rehausse
le prestige en créant l'Académie des Jeux floraux avant que le nombre
des mainteneurs ne soit porté de 36 à 40 par Louis XV. À
la Révolution, bien qu'imprégnée de l'esprit des Lumières
(Voltaire en est une figure majeure), l'Académie disparaît, elle
est cependant rétablie par Napoléon dès 1806. Désormais,
ses concours (en français exclusivement depuis le XVIIe siècle,
puis en français et en langue d'oc à partir de 1895) ne cesseront
plus de révéler ou de consacrer les plus grands poètes de
leur temps, comme Victor Hugo, Chateaubriand, Frédéric Mistral,
Marie Noël ou Léopold Sédar Senghor. ©
La Poste - Marie-Pierre Rey, Professeure d'histoire à l'Université
Paris 1 Panthéon- Sorbonne, mainteneur de l'Académie des Jeux
floraux - Tous droits réservés
 L'escalier
menant aux sept notables, remettant les prix Carte maximum : Timbre-poste et
Oblitération 1er Jour
Clémence
ISAURE Clémence Isaure est un personnage
médiéval semi-légendaire, à qui on attribue la fondation
ou la restauration des Jeux floraux de Toulouse au début du XVe siècle
grâce à un legs par lequel la ville de Toulouse décernerait
chaque année des fleurs d'or et d'argent aux meilleurs poètes.
Médaille
des Jeux floraux à Toulouse 1819, Les fleurs, recto | | Médaille
des Jeux floraux à Toulouse 1819, Clémence Isaure, verso |
Son
nom est attaché à l'histoire de l'Académie des Jeux floraux.
Elle aurait redonné du lustre au concours de gaie science, c'est-à-dire
de poésie, grâce à ses libéralités à
la fin du XIVe siècle ou au début du XVe siècle. Afin
de lui trouver une justification plus ou moins historique, on en a fait un membre
de la famille toulousaine des Yzalguier. La rue des Yzalguier reçut en
1806 le nom de rue Clémence-Isaure. Une tour située au 7 de la rue
Cujas fut baptisée Tour Clémence Isaure. Elle fut démolie
en 1817. La mythique fondatrice des Jeux est largement célébrée
dans la ville, qui lui a consacré des poèmes, des sculptures,
des tableaux, et où son nom est donné à toutes sortes de
lieux et institutions.  Toulouse,
le Grand Rond, statue de Clémence Isaure du sculpteur Ducuing : (1868
- 1949)
Les académiciens de l'Académie
des Jeux floraux prononçaient son éloge au cours de la séance
solennelle de l'Académie. Son existence a été
critiquée dès le XVIIIe siècle car on n'a jamais pu découvrir
son testament dans les archives capitulaires, les officines notariales, les greffes
du sénéchal ou du parlement. S'il n'a pas été possible
de trouver un testament de Dame Clémence Isaure dont le nom n'apparaît
qu'au milieu du XVIe siècle, il a été trouvé dans
le registre des comptes municipaux de la ville de Toulouse pour l'année
capitulaire 1488-1489 une citation d'une Dame Clémence faite par Bertrand
de Brucelles, trésorier de la ville : Dame Clémence
devient Dame Clémence Isaure. Dans leur volonté de rendre
crédible la légende de Dame Clémence, une statue de femme
se trouvant sur un tombeau de la basilique de la Daurade [basilique Notre-Dame
de la Daurade à Toulouse] est apportée dans le Grand Consistoire
de la Maison Commune. Une ballade de Pierre de Saint-Anian, datée du 3
mai 1549, célèbre ce transport. Elle est intitulée : Ballade
sur l'épitaphe de Dame Clémence Isaur, trouvé à son
sépulchre de la Daurade, qui institua les Jeux floraux à Tholose,
de laquelle avons la statue de marbre céans apportée dudict sépulchre.
En 1557, Pierre de Garros écrit un sonnet sur le
même sujet. La statue est retouchée d'après un constat
fait le 7 août 1627. Pour les membres du collège, cette statue provient
de l'église de la Daurade et serait celle de Dame Clémence de la
famille Yzalguier dont plusieurs des membres ont été Capitouls. En
1562, tous les mainteneurs sont des membres du parlement. Tous, sauf Jean Coignard,
étaient calvinistes et la plupart ont dû quitter Toulouse. Les jeux
n'ont pu se tenir en 1563 et 1568. Le 1er avril 1569, la semonce est faite par
le seul mainteneur restant, Charles Benoist de Sépet qui demande aux Capitouls
d'ajourner les jeux. Après les troubles de la Ligue et les suites du massacre
de la Saint-Barthélemy, le Collège de Rhétorique se réunit
pour la semonce le 1er avril 1573 malgré les troubles. C'est dans le compte-rendu
de cette réunion qu'apparaît pour la première fois le nom
de Dame Clémence de Ysalguy qu'on peut rattacher à la famille Ysalguier. Clémence
Isaure, Dame de Toulouse née vers 1460 et mourut vers 1513 Collection
Frères Neurdein
| Clémence
Isaure Carte format d'identité en carton épais Photographe
Jules Lefebvre épreuve argentique contrecollée sur carton H.
7,4 ; L. 4,2 cm
| |
En
1575 Dame Clémence prend le nom de Dame Clémence Isaure, dans le
" Chant royal " de François de Clary qui a été
premier président du parlement de Toulouse de 1611 à 1615. Jean-Papire
Masson va poursuivre l'uvre de construction de la légende de
Dame Clémence Isaure commencée par Marin de Gascons en rédigeant
l'Éloge de Clémence Isaure, en 1594. Pierre de Caseneuve
a rédigé un traité sur l'Origine des Jeux-fleureaux de
Toulouse publié après sa mort par Monsieur Medon en 1659 dans
lequel il montre que les Jeux floraux n'ont pas été créés
par Clémence Isaure, mais par les sept troubadours.  | | |  | |
Cartes
souvenirs de l'association philatélique : Union Philatélique Toulousaine
Les
réfutations de Guillaume Catel qui avait montré l'invraisemblance,
sinon l'impossibilité, des différents legs mentionnés sur
l'épitaphe placée au pied de la prétendue Clémence
Isaure, sont reprises par Charles Lagane en 1773. Cependant le mythe
de Clémence Isaure a encore de nombreux partisans dont : - Victor
Hugo, Odes et Balles, 1822 " Aussi belle qu'à sa naissance,
votre muse se rit des ans et des douleurs ; le temps semble en passant
respecter son enfance ; et la gloire, à ses yeux se voilant d'innocence,
cache ses lauriers sous ses fleurs " - Charles Cros, La Vision
du grand canal des deux mers, 1888. " Toulouse ! ville antique où
fleurissent encore Pour les poètes, vos fleurs d'or, Clémence
Isaure, " Outre le monument au milieu du bassin du Grand-Rond à
Toulouse (carte postale précédente), une statue de Clémence
Isaure est placée dans la galerie de l'hôtel d'Assézat (carte
postale ci-après), siège de l'Académie des Jeux floraux.  | |
Galerie
Clémence Isaure, Hôtel d'Assizat (La statue est en bout de la
galerie, à droite de la carte postale) La statue Clémence Isaure
à l'hôtel Assézat Cliché Janson- Editeur LF Toulouse
 L'Hôtel
d'Assézat ou de Clémence Izaure Phototypie Labouche frères
- Toulouse (La galerie Clémence Isaure est à gauche de
la carte postale)
Une
fontaine avec statue de Clémence Isaure située place de la
Concorde à Toulouse. Sculpteur Léo Laporte-Blairsy (1865-1923) | Au
jardi du Luxembourg à Paris une statue de Clémence Isaure a
été élevée. Sculpteur Auguste Préault (1809-1879) | Photos
Wikipédia |
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